« Pallavi » – Le Pallavi, « élaboration », est une partie essentielle du récital de danse Odissi. Il s’agit généralement d’une pièce de danse pure, c’est-à-dire sans signification particulière, à la fois hautement sophistiquée et très esthétique.
Ce billet est une traduction de l’article publié le 4 janvier 2017 par l’Odisha Sun Times. Cliquez ici pour lire l’original en anglais.
Bhubaneswar (Odisha, Inde) – L’une des danses indiennes les plus anciennes qui nous soient parvenues, l’Odissi, est connue pour ses mouvements souples, ses postures gracieuses et la richesse de ses expressions du visage. Attirés par sa grâce lyrique, plusieurs artistes étrangers s’y sont consacrés et parmi eux, Mahina Khanum, basée à Paris.
Depuis 10 ans, Mahina s’efforce de présenter la beauté de la danse Odissi à une audience globale, que ce soit en dansant une chanson Sambalpuri (danse folklorique de l’Odisha) devant l’iconique tour Eiffel ou en organisant des évènements tels que la Semaine des danses de l’Odisha ou le Festival de danses classiques indiennes Mouvements Emouvants.
« La destruction du mal » – Dans le temple, la danseuse sacrée invoque l’énergie féminine (Shakti) pour détruire le mal.
Mahina a récemment publié une série de photos saisissantes réalisées à Bhubaneswar (Odisha), intitulée « Lights of Odisha ». L’élément principal de ce projet est l’utilisation de la technique du lightpainting (voir définition sur Wikipédia) associée aux poses élégantes de la danse Odissi, dans le contexte des temples de Bhubaneswar.
« Je suis consciente de la difficulté pour les gens en France à décoder la symbolique culturelle et l’esthétique de la danse Odissi, et par conséquent, je m’efforce de donner à une audience occidentale les clés pour mieux comprendre et apprécier les merveilles de ce style », explique Mahina.
« Présence divine » – Le temple est déserté des hommes, mais les dieux s’y promènent toujours, et il suffit d’une danse dévotionnelle pour révéler leur lumière…
Elle était accompagnée de son mari, Avishaï Léger-Tanger, qui avait conceptualisé et préparé le projet en France, et d’un photographe local, Debiprasad Sahoo. Les photos ont été réalisées dans les temples Mukteswar et Aisaneswara sur les thèmes « Célébration de l’Odisha », « Transcendance corporelle », « Présence divine », « Pallavi (élaboration) » et « La destruction du Mal ».
« J’ai intitulé l’une des photos ‘Transcendance corporelle’ car elle exprime le sens original de la danse Odissi (et d’autres danses classiques indiennes), à savoir atteindre l’union avec dieu à travers le corps », détaille Mahina.
L’équipe a choisi le temple de Mukteswar car il dispose d’un éclairage nocturne intéressant et de beaucoup d’espace permettant d’expérimenter de plus grandes créations. Le temple Aisaneswara, par son isolement et son calme, était parfaitement adapté pour exprimer une rencontre plus personnelle avec dieu, d’après Mahina.
« Célébration de l’Odisha » – Dans l’un des nombreux temples médiévaux caractéristiques de l’Odisha, la danseuse Odissi fait apparaître l’un des motifs signatures des célèbres et luxueux saris de soie odias.
« C’était un vrai défi que de réaliser ces clichés. Nous avions besoin de temples sans éclairage, ou avec un éclairage minimal. Avec l’aide des personnes du temple Mukteshwar, nous avons pu nous en sortir. Réaliser ces photos a nécessité beaucoup de patience, et nous avons effectué de nombreux essais pour obtenir le résultat souhaité. Nous avons pris des photos pendant des heures dans la froideur de la nuit pour trouver le bon angle et le bon cadrage, tout en restant concentrés sur la lumière, le sujet et le cadre. Mais le Pixelstick a été l’outil ultime », raconte Debiprasad avec excitation.
Le Pixelstick, c’est un outil long et fin, comportant 200 LED contrôlées électroniquement, capable d’afficher ligne par ligne une image donnée.
« Transcendance corporelle » – Cette photo exprime le sens original de la danse Odissi (et d’autres danses classiques indiennes), à savoir l’union avec Dieu à travers le corps.
Mahina Khanum cherche à explorer les technologies qui peuvent être infusées dans la danse Odissi – tout en préservant la pureté du style – pour mettre en valeur cet art sur la scène internationale. Après avoir réalisé la première vidéo de danse Odissi à 360° et la première chorégraphie de danse Odissi en réalité virtuelle, ses projets actuels mêlent danse Odissi et animation graphique, lightpainting ou encore spectacle holographique.
Mahina Khanum a notamment célébré le Ratha Yatra (fête importante en Odisha) à Strasbourg par un spectacle de danse Odissi.
« Bien que j’aie effectué l’essentiel de ma formation en danse Odissi en dehors de l’Odisha, mes voyages à Bhubaneswar mobilisent un lien émotionnel fort avec la terre qui a donné naissance à cette danse qui m’est si chère. On dit que Kelucharan Mohapatra (l’un des principaux gurus contemporains de la danse Odissi) a été inspiré par la façon dont les femmes odias marchent et s’assoient, et effectivement, je crois qu’il y a quelque chose de particulièrement gracieux chez les femmes odias », explique Mahina.
Disciple de Shankar Behera depuis 1999 et de Madhavi Mudgal depuis 2005, cette danseuse Odissi s’est consacrée à la promotion de l’Odissi en France et à l’étranger, se produisant notamment en Inde, au Royaume-Uni et en Afrique du Nord et de l’Ouest.
A l’attention de ses élèves, elle a organisé la Semaine des danses de l’Odisha, un évènement sur le thème de la culture odia incluant des stages de danse, de l’artisanat odia et des tournages photos et vidéos. C’est dans ce cadre qu’avait été réalisée la vidéo de danse Sambalpuri devant la tour Eiffel.
Au-delà de la danse Odissi, Mahina Khanum est une chorégraphe et professeure de danse Bollywood qui enseigne auprès de 150 élèves à Paris.